Episode 03 – Quand on tire, on raconte pas sa vie !

 Le Général Dinosaure Greene sourit au talkie-walkie, un sourire franchement inquiétant.
« Eh bien ! Ouvre le feu, soldat ! Go, go, go ! »

Le silence qui suivit fut long. Très long.
« … Soldat ? »
« Ou… oui ? »
« Tu… Tu ne tires pas ? »
Un nouveau silence hurla dans le talkie-walkie. Le Général Green baissa les épaules.
« Tu ne sais pas comment faire, n’est-ce pas ? »
« C’est-à-dire que… »

Le Général leva les yeux au ciel.
« Très bien. Première règle : pour tirer, il faut voir ta cible. Si tu vois la tête d’un ennemi, tu peux ouvrir le feu. Tu le vois, là ? »
« Oui… le sniper me regarde et me tire la langue ! »
« Laisse le faire le mariole, c’est à ton tour de jouer. »

Dinosaure Greene empoigna ses jumelles : le sniper ennemi restait stoïque, face à un fantassin tremblant.

« Je t’ai posé un jeton d’ordre, c’est ton signal pour attaquer. Avant ça, tu dois évaluer la distance qui te sépare de l’ennemi. Pour cela, prends le lacet rouge et tends-le vers ta cible. Si l’ennemi est dans le rayon du lacet, félicitations : tu auras droit à 2 relances au lieu d’une.

« Des relances ? Mais des relances de quoi ?”

Nouveau soupir.
« Des dés, bleusaille. Pour savoir si tu touches. »
« Attendez… C’est-à-dire que… Je vais « tuer » des ennemis ? »
« Non. »
« Non ? »
« Non. Déjà, je serais très surpris que tu parviennes à toucher quoi que ce soit. Mais surtout, un soldat abattu ne meurt pas. Nous sommes des jouets, pas des barbares. Donc si tu parviens à vaincre un ennemi, il sera considéré comme cassé, et il reviendra à la base pour un futur redéploiement.

Dinosaure Greene lança cinq dés et obtint quatre touches après ses relances. »
Le fantassin leva son arme en plastique et s’égosilla :
« Piou ! Piou ! Pan ! Pan ! Bim ! Ah ah ah, en pleine poire ! »

Le sniper ennemi vacilla, mais ne tomba pas. Il avait désormais l’air particulièrement furieux.
« Bien joué, p’tit, » admit le Général avec un brin de fierté. « Mais calme ton enthousiasme… les ennuis ne font que commencer. »
« Ah bon ? Pourquoi ? »
Avec un petit sourire en coin, le Général Dinosaure Greene souffla lentement :
« Parce que maintenant… c’est à eux de jouer. »