Moon Leap – Jumpin’ on the Moon
Moon Leap sera disponible dans quelques heures, et c’est un jeu qui ne manquera pas de vous surprendre… autant sur le fond que sur la forme. Ouvrez la porte de la fusée et commencez à trotter sur la surface de la lune : je vais vous expliquer pourquoi ce jeu, d’apparence très simple, est en réalité un petit trésor de placement tactique…
Bien plus qu’une simple boîte
Pour lancer les hostilités, pourquoi ne pas commencer avec un tour de magie… J’ouvre la boîte, j’en sors le dé, les pions, les règles du jeu, je déplie le plateau et (tadam !) la boîte a disparu. Oui oui, totalement ! Le plateau de jeu est en effet imprimé à même la boîte, pour un effet compact total. C’est à la fois malin, impressionnant, et super pratique pour mettre le jeu en place en quelques secondes. Après ma première partie, je me suis même surpris à chercher machinalement où était la boîte pour ranger le jeu : ne vous inquiétez pas, ça risque de faire ça à tout le monde.
Puisque je parle du plateau, il représente le sol lunaire, jonché de cratères qui forment un parcours. Le but du jeu est de voir nos petits astronautes se livrer à une course bondissante à faible gravité, du bas du plateau vers le haut… tout en esquivant les cratères qui ne rapportent pas de points, ou pire encore, qui en font perdre.
Un début de jeu déroutant…
Mes premiers lancers de dés ne manquent pas de me faire réfléchir. Le tour de jeu consiste en effet à lancer un dé pour mettre en jeu ou déplacer l’astronaute correspondant sur la prochaine case disponible. J’obtiens un 5 ? Je déplace alors l’astronaute numéro 5 vers le prochain emplacement vide du parcours, en bondissant par-dessus les éventuels astronautes déjà en place. Ensuite, c’est au joueur suivant de faire de même.
À ce stade, je sais exactement que vous êtes en train de vous dire : « Mouais… Ce jeu ne gagnera probablement pas le prochain diamant d’or avec un gameplay aussi simple. » Mais attendez un peu, vous allez voir…
…vers une fin de partie férocement tactique !
Au premier tiers du parcours, je remarque des petits traits sur le plateau. Une fois franchie, cette frontière modifie la manière de jouer. Désormais, si je fais un 5 avec le dé, j’ai un choix à faire. Soit déplacer l’astronaute numéro 5 vers le prochain emplacement disponible, soit diviser mon résultat de 5 et déplacer deux astronautes (par exemple le 4 et le 1, ou le 3 et le 2).
À moi de décider quels astronautes propulser vers l’avant, ceux qui peuvent rester derrière, et ceux qui pourraient éventuellement me permettre de créer un combo. Eh oui, un combo : si à la fin d’un déplacement, j’ai 3 astronautes de ma couleur qui se suivent sur des cases adjacentes, je peux immédiatement relancer le dé et rejouer un nouveau tour ! Je pourrais alors enchaîner les déplacements et positionner idéalement mes astronautes pour le scoring.
Mais attention : chaque déplacement doit être soigneusement évalué avant d’être effectué. Se positionner sur un cratère qui rapporte des points, c’est bien. Mais passer devant un astronaute concurrent, c’est aussi lui donner l’opportunité de me doubler lors de son tour suivant ! Laisser des espaces permet ainsi de se protéger contre la féroce remontée d’un pion adverse, qui pourrait remonter sans effort une colonne de 10 astronautes alignés pour se placer tout devant. Ouch !
Un scoring impitoyable
Si tout ce joli monde se précipite vers le haut du plateau, c’est pour marquer des points, de plus en plus élevés tout au long du parcours. Et le véritable défi de ce jeu réside dans le fait que certains cratères du plateau font gagner des points, tandis que d’autres n’en rapportent pas. Il faut donc tout faire pour éviter d’atterrir sur un cratère « vide », sous peine de déployer beaucoup d’efforts pour rien. Il y a même pire : les 7 premières cases du plateau apportent des points négatifs, et la sanction est encore plus lourde pour un astronaute qui n’aurait pas pris part à la course.
Mais l’heure est venue d’enfoncer le clou sur le décompte des points pour démontrer en quoi ce jeu est une pure merveille tactique. La partie prend immédiatement fin et fige les positions lorsque trois astronautes occupent les trois premières places, en haut du plateau. Et le décompte devient alors parfois très cruel… Le score final de chaque joueur correspond en effet à la valeur des cases d’arrivée de ses astronautes… multipliée par le nombre porté par l’astronaute. Un astronaute 3 qui termine la course sur la case 20 marque donc 60 points pour son équipe.
Et soudain, je réalise tout l’intérêt… mais aussi tout le piège, de diviser le résultat de mon dé ! Car OUI, je pourrais fréquemment déplacer deux astronautes au lieu d’un pendant mon tour, mais ils auront évidemment une valeur inférieure à un astronaute que je déplacerais seul. Sur mon lancer « 5 » de tout à l’heure, vaut-il mieux tenter de faire avancer mon astronaute 5, au risque qu’il se retrouve sur une case vide au final, ou privilégier le 3 et le 2, avec un multiplicateur plus faible mais une meilleure chance de marquer des points ?
Moon Leap – un jeu de placement ultra compact
Ce jeu se joue véritablement en deux phases, avec des premières minutes rapides et légères, et une seconde phase bien plus lente, où chaque mouvement est évalué pour juger de sa pertinence en termes de gains de points. Une petite merveille d’épure et de malice qui révèle son potentiel énorme en cours de jeu et qui impressionne les joueurs depuis de longues années. Car oui, Moon Leap est la réédition de Numéri, un jeu initialement sorti en 1973, réédité et rethématisé plusieurs fois pour me parvenir aujourd’hui sous cette très élégante course lunaire, accessible et tactique, pour des sensations de jeu étonnantes, du premier lancer de dé au scoring final !
Alors venez me rejoindre : on sort de la capsule et on se lance !