C’est quoi… le Deckbuilding ?
J’étais passé dans l’échoppe, juste avant la fermeture. Une boutique bizarre, avec plein de livres, de figurines et de boîtes de jeux. Moi, à la base, j’étais entré un peu par hasard, j’avoue. Et j’avais été un peu effrayé par Le vendeur, aussi. Un type sans âge, aux cheveux longs et un peu gris. Avec un katana à la ceinture. Les yeux très bleus, aussi. Trop pour que ce soit honnête. Du coup j’étais sur le point de partir, quand j’ai vu une boîte qui a retenu mon attention. J’ai regardé l’illustration, j’ai retourné la boîte dans tous les sens, et j’étais sur le point de me diriger vers le comptoir pour en savoir plus quand j’ai réalisé que le type était en fait juste derrière moi. (!!)
– Tu as l’œil, gamin !
– Je.. Euh… Hein… ?
– Attends, on va causer deux minutes…
Le vendeur est allé jusqu’à sa porte et a fermé la boutique, sans me laisser le temps de protester. Il est retourné à son comptoir, a sorti de quoi manger pour deux, ainsi qu’une grosse boîte de jeu. Là, il s’est enfin adressé moi.
– Alors gamin, à quoi on joue ?
J’ai expliqué au gars que le jeu c’était pas trop mon délire. À part Fortnite, évidemment. Pis Callof, des fois. Là il y a eu un silence. Du genre gênant, voyez. Le vendeur a soupiré un grand coup, et il a dit qu’il allait y avoir du travail.
Il a rangé la boîte de jeu, sorti un paquet de cartes, et l’a posé sur le comptoir.
– Alors Gauvain, aujourd’hui on va parler jeu de cartes, du coup…
– J’m’appelle Ethan, msieur.
– Si tu veux, Gauvain. Et plus précisément, on va profiter d’être tranquilles pour découvrir une mécanique de jeu très populaire auprès des passionnés de jeux de cartes : le deckbuilding.
– Le deckbuilding ? Peuvent pas faire des noms en Français, comme « Overwatch » ou « Switch » ?
– Ce… Ce n’est pas faux Gauvain. Mais l’alternative du deckbuilding, ça aurait été « montage de pioche » ou « construction de paquet ».
– Ah, oui, fatalement. Ça clôt le débat, du coup. Mais c’est quoi du coup, le deckmachin ?
– On y arrive, garçon, on y arrive…
Un principe ingénieux
Le vendeur prit un air mystérieux et ouvrit un paquet de cartes.
– Le deckbuilding, garçon, c’est une mécanique que l’on trouve dans de nombreux jeux de cartes depuis une bonne dizaine d’années. Cela consiste en fait à construire son jeu au fur et à mesure de la partie.
– Ah oué ! Comme dans Madjique !
Là il se passa quelque chose d’un peu crispant. La couleur des yeux du gars vira au violet, l’espace d’un instant. Juste un effet de mon imagination, sans doute. Mais un peu flippant, quand même…
– Alors non, justement. Dans ton jeu, les paquets sont créés AVANT le début de la partie. C’est justement une différence essentielle. En fait, dans un jeu de Deckbuilding, les joueurs commencent le plus souvent la partie avec des cartes identiques et faibles.
– Ça doit être palpitant… Une bataille avec des cartes pourries…C’t’intensité…
– Non Gauvain, ce n’est pas palpitant, en effet. Mais ces cartes, aussi basiques soient-elles, permettent en général d’obtenir des points d’achat.
– Pour acheter des cartes plus fortes, du coup ?
Une défausse pleine de promesses
Le temps se figea une fois encore. Je crus distinguer un imperceptible sourire sur le visage du vendeur.
– Précisément, Gauvain, précisément. Au centre du jeu, on dispose des cartes disponibles à l’achat. En général 5. Lorsque tu joues tes cartes basiques, tu génères une valeur d’achat qui te permet peut-être de prendre une ou plusieurs cartes disponibles. Dès que tu en achètes une, elle est aussitôt remplacée pour que le nombre de cartes disponibles soit toujours le même.
– D’accord, donc avec mes cartes faibles j’achète des cartes fortes… et je les joue ?
– NON, cria le vendeur ! Et c’est là que le système du deckbuilding est très ingénieux ! Les cartes achetées sont directement placées… dans ta défausse.
– Pardon ? J’achète une carte et.. je la jette ?
– Exactement. Une fois ta pioche épuisée, tu pourras mélanger ta défausse et la réutiliser en tant que pioche…
– Ah ! Et elle inclut du coup mes cartes puissantes. C’est malin. Sauf que je ne sais pas dans quel ordre les cartes vont sortir.
– Tu as compris ! Mais dans un deckbuilding, l’ordre de sortie n’est pas ton plus gros souci.
– Ah bon ?
De l’art de jeter des cartes
J’avais l’impression d’être arrivé au moment ultime d’un cliffhanger. Le vendeur se frottait mentalement les mains, tout heureux de rendre son discours de plus en plus palpitant. J’aurais aimé faire mon blasé, mais c’était plus fort que moi : j’étais grave hypé.
– Tu vois Gauvain, beaucoup de jeux (pas tous, attention) te permettent de jouer tous les effets des cartes quel que soit l’ordre de pioche. Pas de stress de ce côté-là, donc. Mais ton gros problème, c’est tes cartes initiales.
– Pourquoi ? Plus j’ai de cartes, mieux c’est non ?
– Pas vraiment… Tu pioches une main de 5 cartes. Et tu as dans ton paquet des cartes très puissantes, qui interagissent souvent entre elles pour créer de gros effets dévastateurs. Donc une fois que la partie est avancée, quand tu pioches une carte « basique », elle ne te sert plus à grand-chose, et elle prend surtout la place d’une carte très puissante.
– Et on ne peut pas sortir du jeu les cartes qui ne servent plus à rien ?
– Si ! Mais c’est volontairement rendu plus ou moins facile par le jeu, pour te compliquer la vie. Il va falloir que tu achètes et que tu utilises des cartes qui permettent d’en détruire d’autres, afin d’épurer ta pioche.
Des factions qui interagissent
– Et comment faire pour obtenir une pioche efficace, du coup ?
– Excellente question Gauvain !
– Ethan, msieur.
– Je ne pense pas. Mais peu importe. Dans la plupart des jeux de deckbuilding, les cartes à l’achat sont divisées en factions, plus ou moins spécialisées dans un domaine. Certaines savent faire de gros dégâts, d’autres rendent de la vie, d’autres boostent ta puissance commerciale ou ta capacité à piocher, par exemple. Ces cartes déclenchent souvent des effets très puissants quand elles entrent en contact avec une carte de la même faction.
– Donc il vaut mieux n’acheter que des cartes d’une seule faction ?
– On pourrait le croire.
– Mais ?
– En fait, une faction est tellement spécialisée dans un aspect qu’elle fragilise le jeu sur les autres. Donc si tu axes toute ta stratégie sur le gain de points de vie, tu vas certes te remettre très facilement des attaques de l’adversaire… mais tu ne vas pas l’attaquer pour autant. Un deck équilibré avec 2 factions est souvent meilleur qu’un deck composé d’une seule. D’autant plus que si aucune carte de « ta » faction n’apparait dans la ligne d’achat, tu vas vite te retrouver bloqué.
Une dynamique de jeu captivante
– Tout ça pour te dire que le deckbuildng, c’est toujours très plaisant à jouer parce que tu pars de rien pour arriver à des combinaisons très, très puissantes. Et c’est cette évolution qui est particulièrement excitante. Tu as toujours des cartes à jouer, et toujours des dilemmes à résoudre. Bref, des tours de jeux intenses et tendus, aussi bien en compétitif qu’en coopératif.
– Et vous avez de titres à conseiller ?
– Chez IELLO tu as bien évidemment Star Realms et Hero Realms, qui sont particulièrement réussis. Très accessibles, ils permettent de découvrir très rapidement la mécanique du deckbuilding en mode space opera ou fantasy. Dans les deux cas, il est possible de jouer l’affrontement ou la coopération. Mais tu retrouves exactement le caractère explosif de ce type de jeu dans Shards of Infinty, qui vient juste d’être annoncé. Mais il y a des dizaines de jeux de cartes de ce type, Gauvain.
– Ethan. Et ce n’est que pour les jeux de cartes, donc.
– On pourrait le croire.
– Vous êtes spécial, vous, quand même.
– Merci. En fait certains jeux utilisent le principe du deckbuilding pour des jeux plus complexes. Big Book of Madness, par exemple, n’est pas à proprement parler un jeu de cartes. Mais c’est bel et bien cette mécanique de « montage de pioche » qui sert de base au jeu. Pigé ?
– Euh oui… Un deckbuilding c’est un jeu où on commence avec des cartes faibles, on achète des cartes fortes, et on essaye de se débarrasser des cartes inutiles en cours de route.
– Pas mal. Assieds-toi, on va mettre tout ça en pratique !
Découvrez les jeux de Deckbuilding disponibles chez IELLO !
- Star Realms
- Hero Realms
- Big Book of madness
- Shards of Infinity (sortie prévue en fin d’année)