
La Fabrique : le jeu coop’ feelgood
Dans quelques jours, vous pourrez jouer à La Fabrique, localisation française du célèbre Wilmot’s Warehouse (lui-même adaptation d’un jeu vidéo indé éponyme).
Pour dire les choses comme elles sont (pas de chichis entre nous !) : OUI, La Fabrique est un OVNI ludique. Un jeu que l’on aperçoit au détour d’une table en fronçant les sourcils… pour mieux aller ensuite expliquer à vos familles, voisins, collègues et amis pourquoi il FAUT qu’ils y jouent. (Effet garanti, vous verrez).
Et pour prouver que je ne raconte pas d’histoires, je vais vous faire froncer les sourcils en vous pitchant le jeu.
Musclez-vous le front et préparez-vous dans 3, 2, 1…
La Fabrique : c’est quoi ?
La Fabrique est un jeu coopératif qui associe mémoire et narration. Le but du jeu consiste… à ranger des objets dans un entrepôt, afin de pouvoir les retrouver au moment opportun, dans la seconde partie du jeu.
L’entrepôt, c’est le plateau de jeu ; les objets, ce sont des tuiles. Vous me suivez jusque-là ? Fort bien ! Alors poursuivons.

Quand je parle “d’objets à ranger”, c’est un peu un abus de langage, car chaque tuile présente un dessin abstrait dans lequel chacun pourra décider d’y voir ce qu’il veut. La première phase du jeu consiste donc à se mettre d’accord sur la représentation de chaque tuile et sur son rangement sur le plateau.
Et pour y parvenir, il est demandé aux joueurs d’inventer une petite histoire qui explique pourquoi l’objet est rangé là. L’intérêt est bien entendu de mémoriser l’emplacement grâce à une suite logique facile à retenir, liant les tuiles entre elles.
Une fois que toutes les tuiles sont en place, face cachée, les commandes d’objets arrivent, pour la seconde partie du jeu. Il vous faudra alors retrouver le bon emplacement des tuiles demandées sur votre plateau.

Évidemment, cette phase de commandes est en temps limité, histoire de maintenir une saine effervescence dans votre activité. Bref : vous aurez quelques minutes pour retrouver les objets que vous avez rangés dans votre entrepôt — ce qui signifie de vivifiantes conversations avec vos voisins de table, du genre :
— Mais on a dit que la tasse de café, elle était à côté du gant de cuisine !
— Le gant de cuisine ? Mais on n’a JAMAIS parlé de gant de cuisine !
— Mais siiiiii… Le truc là, avec les zigouigouis… on a dit que c’était comme un gant de cuisine, et on l’a mis à côté de la tasse de café !
— Alors déjà, ton machin avec les zigouigouis, c’était pas un gant de cuisine, mais une queue de castor. Et on l’a mise à côté du trou de taupe !
— Nooon, c’était bien un gant de cuisine, et on l’a mis à côté du café parce que le café c’est chaud, bon sang de bonsoir !
— Pardonnez-moi, mais ce que vous appelez tasse à café, c’était pas un tourne-disque ?
La Fabrique : c’est comment ?
Eh bien… c’est tout simplement génial. La Fabrique est un jeu de mémoire dans lequel c’est le jeu qui vous aide à vous souvenir de vos choix précédents. Oh, je sais ce que vous vous dites : « Maieeeeeuuu c’est impossible de mémoriser les emplacements de 35 tuiles posées face cachée sur un plateau ! »
Et pourtant si : ÇA MARCHE.
Même moi, qui ai le cerveau en mode emmental avec plein de trous, je parviens à suivre le fil des histoires, liées entre elles, et à retrouver l’emplacement des objets qui arrivent en commande.

Et, pour tout vous dire, c’est un tel bonheur lorsqu’on y arrive, que c’est un moment feelgood que l’on voudrait partager avec tout le monde.
C’est pour cela que vous croiserez sans doute des joueurs extatiques vous demandant si « vous avez essayé La Fabrique », comme une expérience à part, qui fait du bien, en mode : « regardez, vous êtes bien meilleurs que vous ne le pensez ».
Le bonheur, c’est les autres
Autre élément qui fait de La Fabrique une expérience de jeu enthousiasmante ? Vos voisins de table.
Parce que sans eux, vous n’êtes rien, dans ce jeu.
Partons du principe que tout le monde commence la partie en disant :
« Oh tu sais, moi, j’ai aucune mémoire… »
Eh bien, vous allez vite vous rendre compte que lorsque chacun retient un bout d’histoire, les choses s’enchaînent de manière fluide et évidente.

Bien sûr, il faut être attentif à la pose des tuiles et inventif sur les raisons de les placer ici ou là. Mais plus les histoires sont folles, plus elles se retiennent, et plus le plaisir de jeu est grand.
Alors lâchez la bride et racontez ce qu’il vous passe par la tête : vos parties n’en seront que plus mémorables.
Et OUI, évidemment que vous allez vous engueuler, soutenir que la tuile est FORCÉMENT à côté de celle-là. Mais c’est justement de cette interaction, intense et passionnée, que vous allez soudain vous souvenir qu’au final la tuile est complètement ailleurs. Et vous aurez raison.
La Fabrique est un jeu dans lequel on dépend des autres pour réussir, et c’est cette connivence obligatoire qui crée des moments de jeu uniques, qu’on a envie de revivre encore et encore.
Ranger, c’est bien. Se souvenir ensemble, c’est mieux.
La Fabrique n’est donc pas seulement un jeu de mémoire. Quelque part entre papotage et teambuilding, c’est un jeu de liens. Des liens entre les tuiles, entre les histoires, entre les gens.
C’est ce moment intense où une simple suite d’associations absurdes devient une véritable chorégraphie de souvenirs collectifs.
Parce qu’à La Fabrique, on ne joue pas seulement à se rappeler où l’on a rangé les choses : on rejoue ensemble à se souvenir, à rire, à se contredire, à se tromper de bonne foi, à exulter d’avoir retrouvé le tourne-disque qui ressemblait à une tasse à café.
Et quand, au terme de la partie, tout le monde s’écrie en même temps « Ah oui, c’était là ! », vous comprendrez que vous venez de ranger bien plus que des tuiles : vous avez remis un peu d’ordre dans votre mémoire collective — et ça, c’est un rangement qui fait du bien.
