Les eaux du lac…

Alors que le printemps commençait à s’installer, la libellule survola les eaux sombres du lac. Elle s’attarda un instant pour contempler les derniers rayons du soleil, puis revint vers la berge. Elle repéra une fleur particulièrement prometteuse et son système digestif gargouilla d’impatience. Toute à sa joie, elle ne vit pas la langue du caméléon l’attraper au vol. Elle ne sentit pas sa puissante mâchoire broyer ses ailes délicates. Elle ne réalisa jamais qu’elle avait été gobée.

Le caméléon, satisfait, eut un sourire en coin. Il avait vraiment la belle vie. Caché au milieu des fleurs, il s’essaya à différents coloris, tout en recrachant pensivement un bout d’antenne qui était resté coincé dans sa gorge.

Tout à ses pensées, le caméléon ne vit pas le tentacule émerger des flots et s’abattre sur lui. Il eut largement le temps, en revanche, de comprendre qu’il était attiré vers le fond du lac, dans les eaux les plus noires et les plus froides que l’on puisse imaginer. Alors que sa descente lui semblait interminable sous le regard placide des poissons, le caméléon se fit la réflexion que les pieuvres, d’ordinaire, ne vivaient pas en eau douce. 

Ensuite, il fut englouti dans les abysses. Tout devint noir.

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Je me réveillai alors en sursaut…